Malgré une réticence fondée surtout sur mon ignorance, je me suis décidée voici un peu plus d’un an à m’inscrire sur Twitter et FaceBook. Maintenant que ma semi-retraite m’en donnait le temps, je souhaitais partager mes interrogations les plus persistantes et participer à des échanges dont le projet serait politique au sens large et indépendant de toute allégeance politicienne – dont je ne conteste pas la légitimité mais dont je voulais éviter les biais ou les raccourcis inévitables.
J’ai été profondément ébahie, le suis un peu moins aujourd’hui, devant l’intolérance de certaines interventions affichées sur ces réseaux : attaques personnelles brutales, déclarations partisanes jusqu’à la caricature, affirmations à l’emporte-pièce, et ainsi de suite. Il semble que la brièveté, l’accumulation et la succession déchaînée des énoncés permettent de libérer une agressivité prête à bondir plutôt que de proposer un dialogue grâce auquel l’opinion de l’Autre serait respectée, analysée et, peut-être, fécondée.
Alors, désabonnez-vous! me dira-t-on. Nous n’avons pas besoin d’une « amie » telle que vous. Je ne me suis pas désabonnée, mais j’ai pris une certaine distance et la plupart du temps je n’interviens pas; je lis les billets de mes amis parce que je suis persuadée que ces réseaux sociaux reflètent, autrement et peut-être plus complètement que les médias traditionnels notre sensibilité, nos préoccupations, nos attentes et nos déceptions quotidiennes; et aussi parce que je m’aperçois que le rejet des prises de position auxquelles je n’adhère pas est bien proche de l’intolérance, et qu’il n’y a pas d’intolérance plus vertueuse que les autres. Le désir de contribuer au progrès social en en comprenant la complexité, le plaisir de penser, peuvent dépasser la satisfaction d’avoir raison tout seul.
J’ai entrepris ce Journal pour publier ce qui m’importe et que je souhaite partager, en lien ou non avec l’actualité. Parmi la multitude des contributions, je souhaite qu’il trouve son espace, celui de la tolérance.
* texte mis à jour le 2 septembre 2016
Illustration: tablette pictographique sumérienne datée de la fin du IVe millénaire av. JC