Récemment, dans la Presse +, madame Elkouri publiait un article étoffé sous le titre : La femme sous le niqab; l’idée de fond me semble –t-il, avec laquelle je suis totalement d’accord, en est la suivante : toute femme dispose des mêmes libertés individuelles, publiques et politiques que tout homme (excepté bien entendu s’il y a usage de violence de part ou d’autre), et les deux sont égaux en droit; cela n’est pas négociable.
Je dis oui au hijab, à la kippa, aux perruques, aux chapeaux et tout autre couvre-cheveux, quelles que soient les raisons pour lesquelles on les porte, y compris des raisons religieuses; exception : occuper une fonction de représentation (du pouvoir) de l’état. Il en va de la liberté individuelle autant que de la laïcité collective.
En ce qui concerne le niqab, madame Elkouri, tout en témoignant de son « aversion personnelle » parce que, dit-elle, c’est un symbole d’aliénation féminine, en justifie le port en invoquant, entre autres arguments, la liberté de choix des femmes, et l’effet désastreux que son interdiction a suscité en France (je résume).
Je suis personnellement mal à l’aise devant le choix d’une liberté qui, volontairement ou inconsciemment, témoigne symboliquement de l’aliénation d’une personne. En ce qui me concerne je crois que le vivre ensemble est inaccompli si nous nous présentons à l’autre à visage couvert. C’est pourquoi je dis non au niqab, aux cagoules, à la burka et autres tenues masquées dans les lieux publics. J’ai déjà évoqué à ce sujet la question du sentiment de sécurité ordinaire comme piste neutre de solution pour sortir de ce débat débordant d’amalgames religieux, culturels, idéologiques, politiques, islamophobes et sexistes actuels; il me semble que cette approche (la sécurité) aurait le mérite de ne contrevenir à aucune charte; elle évite l’extraordinairement complexe question identitaire, qui, pour être résolue, demande de part et d’autre ouverture et compréhension, réflexion et générosité.
Pour terminer : même s’ils utilisent la même langue, que leurs bases culturelles initiales sont partagées, qu’il appliquent le même code civil, je crois, à la différence de madame Elkouri, que l’histoire et les structures actuelles politiques, sociales et économiques du Québec ne peuvent pas être comparées à celles de la France, en particulier lorsqu’il s’agit d’analyser les discours et les comportements publics.