Issu d’une famille pauvre, François de Montcorbier naît vraisemblablement en 1431, année de la mort de Jeanne d’Arc. Orphelin de père très jeune il est élevé par le chanoine Guillaume de Villon, son « plus que père » dont il prendra le nom pour lui rendre hommage.
François Villon
Après des études brillantes, la vie de Villon prend un tournant inattendu; vers 24 ans, au cours d’une dispute, il tue son adversaire. Suit un vol de 500 écus au collège de Navarre avec une bande de malfaiteurs avec laquelle il s’associe. Pour échapper à la justice il quitte Paris; on le retrouve à la cour de Charles d’Orléans, qui apprécie son talent; le séjour à Blois procure un peu de paix au jeune poète. Mais treize mois après le vol au collège de Navarre, un de ses complices le dénonce sous la torture. Villon reprend le chemin de l’exil et du vagabondage.
Au cours de l’été 1461 il est emprisonné pour des raisons qui nous sont actuellement inconnues; grâcié par le Roi Louis XI, avant de rejoindre Paris il compose le Grand Testament, longue méditation sur la jeunesse enfuie, les méfaits de l’amour mais surtout sur la mort. L’année suivante il est à nouveau impliqué dans une rixe au cours de laquelle le notaire Ferrebouc est mortellement blessé : arrêté, il est torturé et condamné à être pendu. Il fait appel de la sentence et le 5 janvier 1463 le Parlement de Paris commue sa peine en un bannissement de dix ans. Il part, et on perd définitivement sa trace.
La Ballade des Pendus
C’est pendant ces jours de prison où il attend d’être pendu avec ses compagnons qu’il compose pour eux tous une épitaphe en forme de ballade, l’une des oeuvres les plus intenses et les plus bouleversantes de la poésie du XVe siècle: l’admirable Ballade des Pendus, son poème probablement le plus connu. Il choisit d’y faire parler les pendus, comme une voix d’outre tombe qui interpelle les vivants et sollicite leur pardon et leurs prières. Devant la mort cet homme ironique et désespéré : « je ris en pleurs et attens sans espoir » ne rit plus; il est seul et supplie les hommes dont il s’est tant moqué; il ne pleure pas, il se sait coupable, l’angoisse n’est pas loin, il appelle:
Le laisserez-là, le pauvre Villon?
Écoutez ce poème admirable…
Illustration: La Ballade des Pendus de Villon, édition princeps publiée à Paris par Pierre Levet en 1489