Le Bateau ivre, départ rêvé

Arthur Rimbaud, poète de dix-sept ans

Actualité d’Arthur Rimbaud

Rimbaud a 17 ans lorsqu’il écrit le Bateau ivre : l’âge de toutes les révoltes, de tous les désirs, de tous les départs, de tous les enthousiasmes et parfois, des désillusions les plus tristes et de la mort. Il n’en va pas autrement des ados d’aujourd’hui qui veulent changer la vie; ils rêvent d’un monde meilleur auquel le monde des adultes ne croient plus,  et sont sûrs le trouver en s’embarquant pour un ailleurs digne des tempêtes et des peurs du navigateur ivre peut-être d’alcools ou de drogues, mais surtout ivre de l’aventure libératrice si ardemment voulue… Puis c’est le silence.

Une vie si brève…« La vraie vie est ailleurs »

Un père, militaire, absent; une mère austère, dévote et exigeante; le couple se sépare. Arthur, à 7 ans, est livré à cette mère trop autoritaire; il n’aura de cesse que de la fuir. L’école va lui permettre d’échapper à l’étouffement ; il y est brillant, écrit des poèmes et rêve d’être publié; mais déjà il refuse le monde tel qu’il est, tout le révolte et, drop out avant la lettre, il interrompt ses études et part pour la France. En 1870, la guerre avec la Prusse s’achève dans la honte et la colère de la défaite;  la capitulation de Paris déchaîne une période insurrectionnelle, la Commune, qui dura plus de deux mois et se conclut en mars 1871 avec la « Semaine sanglante ». Rimbaud prend parti pour les Insurgés parisiens; en même temps, il écrit les lettres du voyant, où lui-même s’insurge contre toutes les traditions poétiques et littéraires. Lors d’un diner des vilains bonshommes  où se retrouvent la plupart des écrivains du Parnasse, il lit son Bateau ivre qui soulève un enthousiasme général : à 17 ans, ce sont ses vrais débuts dans le milieu littéraire. Mais son caractère ombrageux éloigne ceux-là mêmes qui l’admirent. Il les fuira.

Comme un bateau ivre

 On connaît la suite : liaison avec Verlaine dont il se sépare à 19 ans, voyages, écriture, et après vingt ans, le silence. Départs, errances; petits boulots à travers l’Europe et Chypre; fièvre typhoïde et retour en France; re-départs, l’Afrique, le cancer, le retour en France et, à 37 ans, la mort. Ainsi s’achèvent le parcours réel et le voyage intérieur de cet homme dont la vie s’est consumée dans la morale du refus et de l’opposition absolue:  à la famille, à l’autorité, au pouvoir politique, aux moeurs de la bourgeoisie, aux rites du milieu littéraire et à la « vieillerie poétique » .

Écoutons quelques strophes que j’ai extraites du poème du premier grand voyage de cet « homme aux semelles de vent », en espérant qu’elles donneront envie de lire, ou de relire, Rimbaud.

 

Le Bateau ivre:

 

Arthur Rimbaud à 17 ans – Photographie de Carjat, 1870, BNF