Jacques Brault

Jacques Brault, traces, soleils et silences

"Ici, le rien règne et repose"

 

 

Jacques Brault: «J’ignore ce qu’est la poésie, d’où elle vient, où elle va, j’ignore jusqu’à son nom, son visage. Mais je connais à en mourir son absence. Une journée sans poésie fait entendre en nous et entre nous le grand hululement muet de l’inespoir.» 

Il faut lire la poésie de ce poète remarquable dont l’œuvre a été maintes fois analysée, commentée, et couronnée de prix prestigieux. Il faut lire les proses de cet homme érudit et discret qui nous emmène avec lui dans un monde de beauté subtile, d’images lumineuses ou sombres, de mélancolie presque souriante. Écoutons-le:

« Et l’ironie est douce-amère de ne considérer ma signature que comme une trace qu’un peu de vent effacera. Les mythogrammes ne pèsent pas lourd sur la paume du temps. Tant mieux : petits paraphes d’ombre et de lumière comme en font les pierres qui tombent dans l’eau, nous frémissons juste un moment pour nous évanouir aux bords de l’absence. Sinon, quelle surcharge à la longue, quel encombrement.» (Paragraphe)

À propos de Jacques Brault

Le critique Georges-André Vachon  à propos de « L’en dessous l’admirable » écrivait : « Le poème n’a pas d’autre fonction que de réduire l’esprit à l’état de lecture, de mouvement, d’errance entre cet objet et cet autre ; de le déprendre de toute image, de tout signe d’objet ; de le ramener à la pure essence de lui-même : non-objet, pure instance, instant, moment posé entre tous objets, et comme à l’écart de tous. Si l’esprit est, entre toutes choses, ce qui lit et relie, c’est qu’il est, de toute chose, l’en-dessous, la face noire, le non-être. « Ici, le rien règne et repose », écrit Jacques Brault.

« J’écris, je commence à écrire, je vis, je commence à vivre, au moment précis où je cesse de savoir comment l‘on doit, comment l’on peut être écrivain, ou simplement homme parmi les hommes. L’ en dessous l’admirable est tout entier, non point réponse, ni même question (l’ouvrage se situe hors de toute problématique), mais mise en oeuvre de ce dilemme :

Vivre mourir c’était le même mouvement.

« C’est peut-être aussi, fondé sur une éthique de l’écriture, le premier traité québécois de philosophie; le premier traité de philosophie québécoise. Car, être Québécois, aujourd’hui, où l’espérance semble avoir fermé tous ses yeux, c’est aussi bien n’être pas. Jacques Brault, qui appartient à une génération presque silencieuse, dit une seule chose, tout juste intelligible ; le contraire, en tout cas, de ce qu’un chacun voudrait entendre : c’est dans le non-être, dans l’extrême pauvreté, dans les marges de l’existence, qu’il faut chercher l’espace du Désir. »

 

Écoutons trois poèmes de Jacques Brault : 
Longtemps j’ai cru ,  S’il y a des cieux et  Presque silence :

 

https://youtu.be/Bi4UIeAA8-k

 

 

Illustration : Lavis, sans titre, Jacques Brault
« Longtemps j’ai cru », L’en dessous l’admirable, Presses de l’Université de Montréal, 1975
« S’il y a des cieux … » Poèmes des quatre côtés,  Éditions du Noroît, 1975
« Presque silence » Moments fragiles (avec onze lavis de l’auteur), Éditions du Noroît, 1984

 

Nous remercions Jacques Brault de nous avoir confié la lecture de ces poèmes
ainsi que  les Éditions du Noroît  et les Presses de l’Université de Montréal
de nous avoir aimablement autorisés à  les reproduire dans la série des
«Poètes du Québec – Voix du Nouveau Monde».